L’hydravion était en approche d’Amphitrite. Le voyage avait été long et fastidieux, parsemé de tempêtes orageuses. Victor Einsenberg , gouverneur de l’île Amphitrite, se sentait très fatigué. Son corps entier accusait le coup d’un tel voyage. Il aurait bien préféré prendre une navette sous-marine supersonique, mais c’était un cadeau d’anniversaire des autres Sages du corpuscule.

« Moi aussi, je suis un vieux sage... plutôt un singe amadoué et fatigué que l’on extirpe de son formol quand les colonies essayent d’exprimer leur point de vue ! » pensa-t-il. Même si physiquement, il semblait être un homme âgé de 60 ans. Les cheveux légèrement poivre et sel, le teint légèrement halé, les traits lisses, de grands yeux bleus, il accusait un « bon 139 ans au compteur » comme il aimait à en plaisanter.

L’amerrissage fut comme le reste du voyage, non sans douleur ! Mais, à sa descente de l’avion, l’émotion était intacte à celle qu’il avait ressenti lors de l’inauguration de la colonie. Il n’avait que 25 ans, jeune diplômé en architecture urbaine, quand on lui avait proposé de participer à ce projet. Amphitrite allait être la colonie pilote. Il fallut 15 ans avant que les premiers résidents investissent les lieux. Les iles artificielles avaient été l’autre alternative à la protection de la faune, de la flore et surtout de la survie de la race humaine. Elles ressemblaient à des dômes flottants auto suffisants, tirant leurs ressources des vents, du soleil et de l’eau des océans qu’ils filtraient.

D’habitude, il aurait profité de la verdure luxuriante et des grands brumisateurs bordant l’avenue où se trouvait sa résidence, pour rentrer à pied, mais l’énergie lui manquait. De plus, il savait que son neurocapteur avait déjà transmis toutes ses données physiologiques et que Martha son IA avait déjà programmé une cure de jouvence pour son retour. Il grimpa dans un rickshaw tiré par un travailleur bionique et profita du paysage.

Simplement vêtu de son peignoir de coton épais, il se tenait immobile dans son salon. Son regard s’était arrêté sur cet espèce de cercueil ovoïdale blanc qui trônait là. Son cadeau était arrivé pendant son absence. Son transdreamer, la version « 2.1. Martha » avait même eu droit à une mise à jour complète afin de l’assister dans son voyage méditatif. Cette dernière, justement, avait déclenché tous ses capteurs en alerte rouge quand il eut passé le sas de son appartement. Il était contaminé...

  • Pour sûr, je reviens de l’ancien monde, ma belle ! se moqua-t-il avec un petit rire mesquin.
  • Raconte-moi, lui avait-elle demandé.

Et il s’était exécuté. Il lui avait tout raconté durant le temps où il dû subir le processus de régénération. Il se détourna du transdreamer et vint s’installer à son bureau. D’un effleurement, il déverrouilla la surface retina. Il prit connaissance de ses derniers mails, les plus importants, du moins. Il lança, a l’heure du rendez-vous prévu, une visioconférence avec les gouverneurs des iles Océanos, Nérée, Pontos et Dagan. Les affaires courantes en ordre, il quitta son bureau et se dirigea vers une desserte ancienne, voir antique, faite de ce métal qu’on ne trouve plus : du bronze. Elle supportait un lot de carafes contenant divers liquides aux couleurs plus ou moins ambrés, plus ou moins parfumés, plus ou moins alcoolisés. Sa main effleurait la surface ciselée des carafons et s’arrêta sur celle sertie d’étain. Il se servit une rasade de ce nectar cuivré, un pur irlandais de souche. Certainement un des derniers whiskies sur terre...

Tout en dégustant son précieux poison, il se perdit dans la contemplation des galetas en contrebas. Du fait de son importance hiérarchique, il logeait dans la vertèbre du Dôme. Tandis que les C.F.A, les Cellules Familiales Approuvées résidaient dans ces galetas, qui n’en avaient que le nom. Il sentait la présence de Martha dans son dos. Il la devinait, s’affairant aux préparatifs de l’appareil

  • Alors Martha, quand est ce que je me baigne dans mon œuf ?
  • Ceci n’est pas un œuf, mais un caisson de flottaison, faisant partie intégrante du transdreamer. C’est une version 2.1 ou un module d’assistance personnalisé a été rajouté afin d’accom...
  • Tu te calmes ! je n’ai pas besoin d’une lecture audio du manuel de fabrication et d’utilisation, Martha ! l’interrompit-il.

Elle continua ses préparatifs sans sourciller. Il aurait aimé qu’elle se révolte, qu’elle soit en colère, n’importe ! mais qu’il y ait une once d’émotion, un début de sentiment, cela aurait ravivé son vieux cœur qui n’avait presque plus rien éprouvé depuis presque un siècle, hormis de la solitude et de la tristesse. Victor savait bien qu’au fond de lui, c’était ça qu’il partait chercher...

  • Victor, c’est prêt.

Elle le débarrassa de son verre, qu’elle reposa sur la desserte, l’aida à ôter son peignoir. Victor se retrouva nu au milieu de son salon. Il prit la main de Martha pour s’aider à s’installer dans le caisson. Il paraissait inquiet. Il cru voir un sourire sur le visage de Martha alors qu’elle rabattait le couvercle sur lui.

D’abord, il y eut le silence, déroutant, inquiétant. Puis l’obscurité, totale, enveloppante. Ce serait presque envoutant si cela ne me foutait pas le trouillomètre à zéro ! Allez mon p’tit père, tu connais la consigne ! Détends toi ....

  • Boum boum, boum boum, boum boum.
  • Bonjour mon vieil ami, cela faisait longtemps que je ne t’avais pas entendu me causer si fort !

Trop vite, les bruits de battements de mon cœur s’éloignaient pour ne plus être qu’un lointain écho. J’avais l’impression d’avoir quitté le caisson, d’être seul au milieu de l’univers. Mon corps était en apesanteur, je me sentais bien... je reçu une goutte sur le visage... puis une seconde.... Puis un torrent d’eau s’abattit sur moi ! il m’entraine avec lui. Je manquais de m’étouffer ! je ne vais pas mourir maintenant quand même ! et surtout pas noyé ! je tentais de me raccrocher à quelque chose pour éviter la chute, mais il n’y a rien ! je continue de chuter lourdement. Je vais mourir, c’est sûr ! l’eau arrivant par vague, m’empêchait de respirer ! puis la chute de mon corps fut amortie par de l’eau. Une mer ? un océan ? un lac ? Non, cela va trop vite... un cours d’eau. L’eau du fait de sa vitesse ballotait mon corps de part et d’autre. Je bu la tasse, m’étouffa. Le bruit de l’eau, cavalant comme des chevaux furieux, grondait dans mes oreilles et se répercutait dans tout mon corps. J’eu la sensation de chuter à pic vers un profond abime. Je n’arrivais plus à penser, ni à ouvrir mes yeux, et il y eut la sensation d’une lueur qui s’intensifiait chaque millième de seconde où l’eau continue à m’emportait dans sa course folle. Puis ce fut l’éblouissement suivi du silence, le vide, l’abandon de l’eau...j’eu l’impression de voler...Je n’eu pas le temps d’arriver au bout de cette pensée que mon corps repris sa chute effrénée ! il vint s’écraser à la surface de l’eau et s’enfonça au plus profond...

J’essaye de respirer, mais de l’eau s’engouffre dans ma gorge. Mes pieds rentrent en contact avec quelque chose de frais, vaseux... je donne un grand coup et file vers la surface. Elle est trop loin, je ne l’atteindrais jamais ! je manque d’air, la lumière est aveuglante, l’eau se fraie un passage en moi....

  • kof, kof, kof.

Je recrache l’eau pour pouvoir reprendre une grande inspiration. Je me suis évanoui ? combien de temps ? mes yeux s’habituent à cette luminosité trop forte. L’air est chaud mais pas brulant. Sur ma langue, il y a le gout de sel et de vase. Dans l’air flotte une odeur d’embruns ... et de ... fleurs ? je connais ce parfum ! tiaré ? hibiscus ?

Un rapide coup d’œil autour de moi. Je reconnais aussi cet endroit ! la cascade ou l’on allait se baigner avec ma sœur, quand nous étions petits ! c’est là que mon cerveau a décidé de m’envoyer ? Je cherchais, du regard, le petit chemin qui remontait jusqu’à la maison familiale. Je luttais avec les herbes hautes et les feuilles gigantesques des plantes luxuriantes. L’air était lourd et humide. J’évoluais difficilement au travers de cette jungle, sans être sûr de ce que j’allais trouver par la suite. Et au détour du chemin, après avoir élagués à mains nues, les derniers branchages, elle était là, la maison familiale coloniale. Imposante avec ses deux coursives, ses deux étages montés sur les soubassements qui permettaient une ventilation et une fraicheur naturelle. J’allais emprunter l’escalier quand un miaulement se fit entendre depuis les soubassements. Je me penchais pour essayer distinguer ce que cachait la pénombre. Une forme blanche gigotait, se débattait de sa petite prison humaine. Je m’approchais à quatre pattes et je le vis ! je me vis ! j’avais quoi, 6 ans ? 7 ans ?

  • hey bonhomme ! que fais-tu là-dessous ? tu n’as pas peur des serpents ?
  • Mais tais-toi, on va perdre par ta faute ! mais cache toi !
  • 7, 8, 9, 10 ! j’arriiiiiive ! je sais où tu te caches petit coquin !

Cette voix douce, enfantine... les larmes me montent aux yeux. Julie...je l’entendais courir dans l’herbe, m’appeler par mon prénom. Me menacer de manger tous mes bonbons si je ne sortais pas... Un claquement de porte, des pas sur la coursive au-dessus de nos têtes.

  • C’est l’heure de gouter, maman va sonner la cloche, tu viens ? m’ordonna-t-il plus qu’il ne me proposa.
  • Venez gouter, c’est prêt !

Je le suivis mais je connaissais bien le chemin. Ils s’installèrent autour de la table en formica.

  • Oh Pauline, ma douce Pauline. Si tu savais combien tu m’as manqué ! dis je de ma voix étranglée par l’émotion.
  • Elle peut pas te voir ni t’entendre ! me dit-il d’un ton neutre alors qu’il mordait dans sa tartine de pain
  • Vraiment ?
  • Ouais, c’est comme ça, y’a que moi qui peux.
  • Comment tu sais ça ?
  • Je sais pas, c’est comme ça.

Maman était adossée contre l’évier, elle s’était servie une grande rasade de café. Elle couvait ses enfants du regard, un grand sourire épanoui sur son visage. De l’autre pièce montait le son d’un téléviseur crachant les dernières nouvelles. La curiosité m’attira. Je fis coulisser les deux battants menant au salon où régnait la fierté de mon père, sa smart tv interactive. Il était assis dans son fauteuil, sa tablette en mains. Il regardait, par-dessus ses lunettes, les nouvelles, d’un air consterné.

  • Tous des cons ! Tu te rends compte Etienne, tous des cons ! comme si 4 ans n’avaient pas suffi...

J’apparus dans l’encadrement, bronzé, les cheveux mi— longs, vêtu du short et d’un t-shirt hawaïen, une roulée a moitié éteint collée au coin de mes lèvres.

  • L’investiture du second mandat de Donald Tramp prendra effet officiellement en janvier...la journaliste continuait de traiter l’information sur l’écran. En arrière-plan, on voyait le président accompagné de sa femme prenant un bain de foule
  • ‘pa, je prends ta voiture, y’a une fête sur la plage.
  • Pas de thc, mon fils, lui dit-il, tout en suivant l’actualité d’un œil morne.
  • Tu t’grouilles, j’ai pas que ça à faire ! me lança-t-il et il passa la porte d’entrée, qu’il referma derrière lui. Quand je rouvris la porte, la nuit était tombée. La jungle entourant la maison avait cédé la place à un immense banc de sable. Un énorme feu de bois brulait au loin, et des formes évoluaient autour. Une musique techno montait à mes oreilles. L’odeur de viande animale brulée se mêlant aux embruns vint agresser mes narines. Des rires, des cris, un brouhaha festif. Et en instant, je sus qu’elle était là, j’aurais pu reconnaitre son rire, son odeur entre tous. Ce petit rire cristallin, unique, m’évoquait son sourire, ses grands yeux noirs. Je revoyais ses boucles brunes se mouvant au gré de la musique. Elle était là... de l’autre côté du feu, une rootbeer à la main, riant et dansant parmi d’autres jeunes femmes.
  • Pas mal hein ! mais, c’est la mienne ! alors défense d’y toucher ! me dit-il en me tendant une bière fraiche
  • Juste, elle est pas encore au courant, mais un jour, elle sera ma femme ! et il finit d’une traite sa bière.

Mon assurance, me fit sourire. Je pensais que de la revoir, aurait ravivé la douleur de son départ, mais il était moindre que ce que j’avais craint. Mais déjà, le jour se levait, la musique, les gens, le feu, Alice se dissipèrent. La neige se mit à tomber. Elle recouvrait déjà la plage... l’angoisse monta et me noua la gorge, une boule de plomb tomba sur mon estomac. J’entendais les gens crier au loin. Et comme un rugissement montant du plus profond de mes tripes, je me mis à hurler, à courir vers cette masse informe échouée au bord de l’eau. Je m’écroulais à ses pieds. Je devenais fou. J’attrapais et entourais ce corps trempe et glacial, de mes bras.

  • Paulie, Paulie...nooon, Paulie.... Reviens, ne m’abandonne pas ! Ma voix se mêlait à mes sanglots. Je cherchais à la réanimer en vain. Je sentais mon cœur se fissurer et exploser à nouveau. Je me perdis dans ma douleur, mon corps se balançait tout seul, je ne pouvais plus penser. Je n’étais plus que douleur.

Pauline n’avait pas réussi à passer les tests pour avoir droit à la régénération. Séparée de ses enfants déjà replacés dans des cellules familiales, ainsi que de son mari, elle allait être évacuée, « reconditionnée » dans une colonie de travailleurs manuels. Elle avait préféré se supprimer, s’effacer...Je ne pouvais pas la relâcher. La douleur et le froid me tétanisait. Je sentis ses mains se refermer sur mon bras, m’empoigner et me tirer. Je fus contraint de relâcher son corps et me relevait pour te suivre. Alice... La neige avait disparue, la plage aussi, le bruit du ressac laissa la place à un smooth jazz. Je me retournais pour te regarder. Tu me tirais vers le centre de la piste, tout autour, des tables, des gens sur leur 31, des rires, l’odeur des mets raffinés, du vin. Mes yeux se posèrent sur toi... Alice.... Tu étais souriante, tes grands yeux noirs brillaient de bonheur. Mon dieu, que tu es belle ! j’en eu le souffle coupé. Notre mariage !

  • Allez viens, grand beta ! moi aussi, je ne sais pas danser ! on va faire comme on sait si bien faire, on va se débrouiller ! tu vas voir ça va être bien.

Je te laissais m’entrainer après toi. J’étais hypnotisé par tes lèvres couleur cerise. J’aurais tellement voulu les gouter à nouveau pour savoir si elles avaient vraiment le goût de cerise. Ta tâche de naissance, au creux de ton épaule, qui avait la forme du japon que je rêvais d’effleurer à nouveau. J’aurais tant voulu être cette boucle brune qui s’était échappée de ton chignon et qui s’écrasait sur ta clavicule... Attends-moi Alice, na pars pas ! Ne pars plus...Laisse-moi t’enlever ces minuscules fleurs de cerisiers parsemées dans ta coiffure. Défaire ton chignon pour m’extasier en regardant tes boucles brunes tombées lourdement sur tes épaules ... Oh Alice...tu es collée contre moi et nous tournons sur nous-mêmes sur les notes d’un jazz langoureux. Tu éclates de rire et t’éloigne de moi... ta main toujours dans la mienne, tu nous obliges à courir vers la sortie. Une fois la porte passée, je me retrouve dans une immense pièce, seulement aménagée d’un grand bureau moderne blanc doté d’une immense surface retina tactile. Tout un pan de la pièce est fait de baies vitrées. Sur le mur, derrière le bureau, est suspendu un œuvre de Hopper, les très célèbres pompes à essence. Ma fierté, mon orgueil... mes deux dernières expériences m’ont extenuées. Pourquoi les ais je vécues ? Où était mon autre moi ? Ou bien l’intensité de mes émotions m’aurait fait fusionner avec mon autre moi ? une porte s’ouvre, mon moi, 40 ans environ, pénètre dans la pièce. Il semble excédé, déterminé. Tu es là, à sa suite, tu as perdu ton sourire, tes traits sont tirés, tes yeux sont en colère. Je reconnais cette colère...je l’ai vécue.

  • Tu ne peux pas prendre une telle décision Etienne ! Tes fonctions t’ont montées à la tête mon pauvre ami ! Elle claqua la porte derrière elle et s’avançait vers le bureau
  • Le contrôle des naissances ? le contrôle des signatures ADN ? dis-moi, maintenant que tu es atteint du syndrome de Dieu, comment dois je t’appeler ?
  • Alice, te rends tu comptes de la masse humaine sur cette planète ? on ne peut pas laisser quiconque procréer ainsi ! nous devons être rigoureux, et cela passe par un contrôle ! tenta-t-il d’argumenter
  • Laisse-moi voir si j’ai bien compris, ok ? cela veut dire que, si demain je tombe enceinte, j’ai une « chance » sur deux, soit que l’on me fasse avorter par la contrainte, soit d’arriver au terme mais qu’il soit donné dans une cellule familiale et que je ne le reverrais jamais ?
  • Tu sais bien que c’est plus compliqué que ça, Alice ! qu’il en va de la survie de cette planète et de la race humaine...

Les yeux fermés, la colère ancrée sur son visage, elle leva une main en signe d’injonction de silence. Elle rouvrit lentement les yeux et le scruta. Je me suis toujours demandée ce qu’elle pensait à cet instant-là. Peut-être qu’elle essayait d’enregistrer dans sa mémoire, le peu d’humanité qui me restait...elle se retourna et pris la porte.

  • Rattrape là ! rattrape là de suite, sinon, tu ne la reverras jamais ! je l’avais empoigné par les épaules et j’étais en train de secouer mon autre moi.
  • Tu sais aussi bien que moi que c’est déjà trop tard ! me rétorqua-t-il placidement. Ou bien était-ce de la résignation. Il se leva de son fauteuil et vint se placer face à moi et me dit :
  • Tout ceci est ton entière faute ! et il me poussa du plat de ses mains, me faisant vaciller sur mes pieds et chuter sur la baie vitrée qui céda sous mon poids, me propulsant ainsi dans le vide.

Et puis...

Ce fut le noir absolu, à nouveau.... Le bruit de l’eau dans sa course effrénée qui allait bientôt me rattraper, les battements de mon cœur qui s’affolaient. Puis la lueur, à nouveau, au loin, qui s’intensifiait. Le grondement de l’eau se décuplait. Tout recommençait à l’identique. Tout ? Presque tout... une fois que mon corps finit sa course dans le lac, je donnais un grand coup de pieds pour remonter à la surface. J’étais préparé, je ne m’évanouirai pas cette fois ! Je nageais pour remonter plus rapidement vers la surface. Une fois sorti de l’eau, je me rendis compte que quelque chose avait changé dans le paysage. Je n’étais plus tout seul... De l’autre côté de la rive, des gens de tout âge étaient rassemblés. Des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes...Aucun que je ne reconnaissais, qui étaient-ils ? que faisaient ils ici, dans mon voyage ? M’ont-ils vu ? J’avais bien l’impression que non.

Curieux, je décidais de m’approcher. Une des jeunes femmes avait dû sentir ma présence. Elle avait de grands yeux bleus, des cheveux épais noir de jais et une tache de naissance, sur son avant-bras gauche, de la forme de l’ile du Japon...