Le marteau s’écrase lourdement.

— Lot n°0213, couteau type celtique adjugé au monsieur barbu au fond pour 50 €.

Mmmh ma première victime de l’année, comment vais-je bien pouvoir l’utiliser ?

Première étape, l’affûtage. Y’a pas à dire je sens que mon fil mérite d’être redressé. J’espère qu’il a un bon fusil.

Objectif final, retrouver le morveux qui me colle au cul tous les ans ou encore mieux avec son fils, comme ça je termine une lignée de Veilleurs, c’est toujours ça de pris ! Je sens leurs présences, ils sont loin, il va falloir voyager.

Je suis sur place, il est temps de changer de mains, celles-ci commencent à fortement m’ennuyer.

Crissements de pneus sous la pluie automnale, la voiture part en embardée, percute un camion de livraison de journaux qui se renverse et vomit toute sa cargaison dans les fossés humides.

Quelques giclées de sang plus tard. Les flics n’ont pas tardé à se pointer, je les aime bien ceux-là, j’arrive bien à les maîtriser.

Deuxième étape, trouver celui qui fera l’affaire pour la suite.

J’ai trouvé le client idéal. Au bord du burn-out, un chef qui l’humilie constamment, une femme qui croit qu’il ne sait pas qu’elle le trompe avec son meilleur ami, celui-là même qui l’utilise tant comme faire-valoir que pour faire sauter ses amendes. Le cocktail ultime pour en faire un futur fou furieux. Il a déjà commencé, quelques délinquants peuvent en témoigner. Il ne lui manquait plus que moi.

Troisième étape, veiller les Veilleurs.

Objectif intermédiaire, faire couler des hectolitres de sang.

Ce nouveau pantin est au-delà de mes espérances, rarement vu un esprit aussi malléable.

J’ai senti la présence du Veilleur dans ce magasin vieillissant. Que c’est déprimant ces toiles d’araignée partout, je me demande si elles sont d’origine, tout comme le squelette près de la caisse. Ces humains sont d’un mauvais goût.

L’agent Jonchier se dirige vers le fond du magasin d’un pas assuré.

Il est tout près, je le sens. Là ! C’est lui !

Quatrième étape, le prendre en filature. Il finira bien par me mener à son fils. Et là, je n’aurais plus qu’à trouver comment les détruire. Je les égorge tous les deux ? Je laisse le fils regarder son père se vider de son sang avant de le noyer dedans ? Ouh, il y a tellement de possibilités ! J’en ai le fil qui frémit.

— Bonjour Monsieur, notre magasin va bientôt fermer. Je peux peut-être vous renseigner ?

Mais c’est qui ce vieux schnock ?! Il pourrit mes réflexions ! Mauvais endroit, au mauvais moment… tant pis pour lui !

Et le Veilleur qui s’est fait la malle.

L’agent Jonchier, indifférent au sang qui macule son uniforme, sort du magasin.